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LE PARLER MELANCOLIQUE

Intervention du 18/12/2013

 

Dans le dictionnaire, le verbe « parler » est défini comme : le fait de faire usage d’une langue. Langue est ici employé dans le sens du moyen d’expression linguistique spécifique à un pays, à une région.

Nous allons essayer de montrer en quoi le parler de la mélancolie est l’usage d’une langue particulière, le langage spécifique qui caractérise la mélancolie.

 

Je vais commencer par vous présenter, ce terme de mélancolie. Voyons comment cette appellation vieille de plus de deux mille ans a recouvert selon les époques une réalité complexe. 

L’histoire de ce  mot, ainsi que celles de ses significations diverses, vont nous éclairer. Cette assise conceptuelle et contextuelle, nous permettra d’aborder, les différentes lectures cliniques contemporaines de la mélancolie.

 

- 1 - Métamorphoses

 

L’histoire de ce mot commence à l’aube du IVe siècle av. J.C., en Grèce. C’est là qu’apparaît pour la première fois le mot « mélancolie », en grec melankholia, formé de deux termes : kholé (bile) et mêlas (noir),  littéralement « bile noire ». A partir du IIIe siècle, le mot est traduit en latin (melankholia), et passera dans la langue française au XIIe sous le vocable « mélancolie ».

L’évocation de la mélancolie coïncide avec les premières définitions de l’homme énoncées par les penseurs grecs. L’individu est pensé selon les lois de la nature déclinant quatre saisons, et quatre qualités fondamentales de la matière – le chaud, le froid, le sec et l’humide. Ainsi, quatre « humeurs » sont isolées dans le corps humain : la bile noire (mélancolie), la bile jaune et la pituite (ou flegme), et le sang. Le corps est considéré en bonne santé si l’équilibre de ces quatre humeurs est respecté, la maladie étant la prépondérance de l’une d’entre elles. La bile noire, ou mélancolie, désigne à la fois, cette substance naturelle dans le corps et la pathologie liée à l’excès de cette substance, repérée probablement à l’occasion de vomissements de couleur sombre.

Les traitements de la mélancolie sont d’abord des purgatifs, qu’il s’agisse de la saignée ou du vomissement, ils visent à extraire le surplus de bile noire du corps du malade. Cette dernière étant vécue comme une substance corruptrice capable de prendre possession du corps et de l’esprit de l’individu, parfois sans retour. L’évacuation de la bile correspond à cet égard à une véritable purification du corps.

Pourtant, la lecture des premières descriptions de la bile noire peuvent faire douter que cette substance ait vraiment pu être observée. Qu’elle ait pu l’être ou non, la bile noire est évoquée chaque fois que l’on tente de décrire la mélancolie.

 

C’est donc bien d’abord un mot qui sert à nommer quelque chose, moins une substance matérielle qui semble importer, mais plutôt une sorte de puissance métaphorique associée à la couleur noire  pour expliquer  l’inexplicable.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la mélancolie s’affranchira très difficilement de la bile noire qui la fonde, Cicéron[1] au 1er siècle av J.C., tentera de remplacer le mot mélancolie par « fureur » pour mieux relever son affinité avec la folie, puis Esquirol au XIXe siècle visera à la substituer par celle de « lypémanie[2]».

 

Une première ébauche clinique, recouvrant les affects de tristesse et de crainte, semble très vite être débordée par une seconde dans le champ de la philosophie, dont le texte est supposé être attribué à Aristote et où le mélancolique peut apparaitre sous la figure du génie.

Dans son traité, De la divination, Aristote parle d’une tendance à être orienté par son imagination. L’imagination étant ici perçue comme l’ensemble des sensations enregistrées par la mémoire sous forme d’images, de la même façon qu’un sceau apposé sur de la cire y laisse une empreinte. Une imagination, associée donc directement à la mémoire, que Platon nomme « la mère des Muses » (neuf muses naquirent de l’union de Zeus et de Mnémosyne).

La conception que donne Aristote de la mémoire en fait l’origine de toute création. C’est ainsi que les « divers états », que connait le mélancolique, sont identifiés à ceux auxquels parvient le poète par la mémoire et l’imagination, qui fondent la vérité de son œuvre.

 

 

 

 

 

 

 

- 2 – Une métaphore:

 

 «Pourquoi tous ceux qui furent exceptionnels en philosophie, en politique, en poésie ou dans les arts étaient-ils de toute évidence mélancoliques ?», se demande Aristote[3]dans un texte « le problème XXX ».

A la différence de Platon dont le dualisme oppose et dissocie l’âme et le corps, ou d’Hippocrate qui voyait dans la mélancolie l’influence exclusive de la maladie sur l’intelligence, Aristote et ses disciples montrent que le vague à l’âme vient à la fois du corps et de l’âme. Et qu’il y a, dès lors, plusieurs façons d’être mélancolique, selon la nature de chacun et selon les circonstances de la vie.

L’enjeu de cette étude n’est rien de moins que l’unité du vivant, l’union éventuelle de l’âme et du corps.

Et puisque, la mélancolie est propice au talent comme à la folie, l’humeur mauvaise n’est plus une malédiction divine, mais un don que l’homme se fait à lui-même en se privant tout seul de la raison: il n’y a désormais qu’une différence de degré entre le fou et le génie, entre le délire et l’inspiration.

 

✖✖Donc, c’est à partir d’Aristote, que la mélancolie est clairement associée à l’imagination. La bile noire du Problème XXX, se présente comme une métaphore de l’imagination, dont elle serait le ferment physiologique.

Le mélancolique est alors envahi de tout son être par la puissance de l’imagination à laquelle il est soumis jusqu’à l’entrainer dans les voies de l’illusion et de l’erreur que côtoie la folie, ou celles de l’exaltation qui mène au génie.

 

Cette double interprétation de la mélancolie dans l’antiquité, génie ou maladie, vient de ce que l’imagination peut avoir d’ambivalent c’est-à-dire soit considérée comme un danger qui conduit à la maladie, soit au contraire, le signe du génie.

 

 

- 3 - Une nouvelle étape dans la définition de la mélancolie :

 

La religion apportera au début du IVe siècle, une nouvelle dimension à ce terme par la pratique de l’anachorèse (qui correspond à un exode rural dans l’Egypte antique).

L’anachorèse est accomplie par des chrétiens qui font le choix de se retirer dans le désert pour rompre avec une société dont ils veulent se défaire, la jugeant à l’agonie.

Dans des lieux désertiques, les anachorètes font l’expérience d’une mélancolie particulière appelée l’acédia.

Acedia vient du grec akédia, qui signifie « négligence » « indifférence » ou « chagrin ».

Pour Hippocrate ce terme signifie le chagrin éprouvé en soi.

Evagre le Pontique[4] un moine d’Egypte du IVe (considéré comme le premier systématicien de la pensée ascétique chrétienne) se retire en 383  dans le désert, où il y passe la fin de sa vie, est à l’origine du formidable essor de l’acédia. Il en fait la plus redoutable des tentations. Elle est ainsi mentionnée parmi les effets engendrés par les démons, dans divers traités à l’attention des anachorètes, dans lesquels ceux-ci sont prévenus des vices qui les guettent dans le désert.

C’est ainsi que l’acédia prend la 6ème position dans le catalogue des huit vices à l’origine des péchés capitaux.

Notons,  que ce mot latin d’acédia, n’a plus cours en dehors des monastères, et ne sera pas intégré dans la langue française. L’acédia se substituera progressivement au terme de mélancolie.

 

il faut donc retenir,   que si l’imagination pouvait conduire au génie ou à la vérité dans la mélancolie antique, ici elle mène au péché, elle enferme l’anachorète (l’ermite, le retiré du monde, le solitaire,) dans un monde d’erreur et d’illusions.

Et si l’acédia, comme la mélancolie antique, trouve son fondement dans les puissances de l’imagination, notons avec intérêt que celle-ci n’est plus une sorte d’exploration des méandres de l’âme, mais recouvre les formes de l’errance de l’acédia.

 

Cependant rien n’est dit sur la cause de ces deux états engendrés par l’imagination. C’est le Moyen-âge qui s’attaquera à cette tâche.

 


 

 

- 4 - La faute mélancolique :

 

C’est d’abord un moine italien qui reprend « le dégout ou l’anxiété du cœur » de l’acédia, pour en réduire la portée et la confiner au niveau du vice et de la tristesse.

Elle est en fait, de façon détournée, supprimée de la liste des péchés pour faire partie des effets de l’état de tristesse.

 

Au XIIIe siècle, l’acédia sera définie par Thomas d’Aquin comme une « tristesse accablante qui produit dans l’esprit de l’homme une dépression telle qu’il n’a plus envie de faire quoi que ce soit, à la manière de ces choses qui, mordues par l’acide, deviennent toute froides : et c’est pourquoi l’acédia produit un dégout de l’action ».

Cet acide ainsi mentionné, pourrait faire penser à la bile noire conduisant à assimiler la mélancolie à l’acédia monastique. Pourtant, Thomas d’Aquin ne fera aucun lien entre mélancolie et acédia.  Il est entendu que si la mélancolie peut tout au plus favoriser l’acédia, en aucun cas elle ne pourrait se confondre avec elle, la mélancolie restera pour la

scolastique[5] inassimilable au péché spirituel qu’est l’acédia.

Pourtant quelques décennies plus tard c’est ce qui va se passer. A la fin du XVIe siècle l’assimilation est réalisée, l’iconographie[6] du mélancolique et celle de l’acédia qui tendent de plus en plus à se confondre, le montre. (Voir illustration n°1 et n°2)

 

Christianisée, la mélancolie rejoint l’acédia, dans ce qu’il y a de plus durement sanctionné, c’est-à-dire résultant du péché originel.

« Ainsi, quand Adam eut connaissance du bien et, en mangeant le fruit, fit le mal, dans le cœur de son changement, la mélancolie surgit en lui », écrit la mystique Hildegarde de (Von) Bingen.

 

Bientôt, le profil du mélancolique –la solitude, la douleur, le deuil...- est tellement vulgarisé qu’il n’est plus besoin de dire les causes de son mal. Le terme peut même caractériser un paysage, une atmosphère... La mélancolie est personnalisée sous les traits d’une vieille femme vêtue de haillons, près d’un feu agonisant « Dame Mérencolye ».

 

 

 

 

 

 

 

5 - C’est  l’âge d’or de la mélancolie et sa revalorisation :

 

Le mouvement de subjectivation amorcé à la fin du Moyen-âge se poursuit à la Renaissance et renoue avec la tradition aristotélicienne, selon laquelle le mélancolique, est d’abord un homme de génie.

La gravure de Dürer intitulée Mélencolia I témoigne de ce renversement de perspective. (Voir illustration N°3). Si le regard est levé, dirigé vers un ailleurs invisible, il est concentré sur une chose qui se trouve hors de la gravure. A moins que ce regard n’est fixé qu’en lui-même, absorbé dans la réflexion.

L’allure mystérieuse de cette gravure inaugure à l’époque de la renaissance une nouvelle approche de la mélancolie.

 Elle est liée a un courant culturel européen, qui se développe à la renaissance « l’humanisme ». - Ce courant, trouve ses origines en Italie, principalement autour de Florence, renouant avec la civilisation gréco-romaine, les intellectuels de l'époque manifestant un vif appétit de savoir. Considérant que l’Homme est en possession de capacités intellectuelles potentiellement illimitées, que la quête du savoir et la maîtrise des diverses disciplines sont nécessaires au bon usage de ces facultés.

C’est aussi l’époque où l’élève de Socrate (Platon) fonde un humanisme où la première vertu de l’homme est sa raison sous le mode idéal de la spéculation philosophique.

Mais celle-ci ne peut être accessible, que si l’âme est dépouillée du monde sensible c’est-à-dire du corps. « Philosopher, c’est apprendre à mourir » nous dit Platon dans le Phédon.

 Le philosophe italien Marsile Ficin, un des philosophes les plus influents de la Première Renaissance[7] italienne, reprend à son compte cette approche.

Il prône un détachement du corps pour atteindre les niveaux les plus élevés de l’esprit, jusqu’à le faire mourir en soi. Au travers de cette démarche de sublimation, le philosophe se confronte à la mélancolie, qu’il définit comme l’écart éprouvé entre son savoir et sa volonté. La seule issue qui se présente à lui est de se ranger du côté d’Aristote pour qui, la mélancolie est un don unique et divin dans lequel la bile noire élève l’âme – jusqu’à la compréhension des choses les plus hautes. 

La fureur divine de Platon rejoint ainsi le génie d’Aristote et ce syncrétisme[8] sera diffusé dans toute l’Europe par le biais de l’académie que fonde Marsile Ficin à Florence sur le modèle de celle créée par Platon à Athènes.

 

Si Ficin en Italie est le premier passeur de l’œuvre de Platon, il est relayé en Allemagne par un philosophe versé dans l’occultisme[9] Agrippa de Nettesheim dont les idées correspondent de façon troublante à l’œuvre de Dürer. En plus de la traditionnelle bile noire responsable de tous les maux dans la pathologie mélancolique, il distingue la bile blanche, à laquelle il attribue l’enthousiasme susceptible de stimuler la créativité.

Dès lors, trois sortes de mélancolie vont découler de ce tracé chronologique relié selon un ordre ascendant, aux trois facultés de l’âme : l’imagination, la raison et l’esprit.

1- La première, la melancholia imaginationis est le siège « des démons d’un rang inférieur ». Elle gouverne « les hommes les plus incultes » auxquels elle permet d’accéder au statut de peintre et d’architecte. Elle règne aussi sur les catastrophes naturelles dont les comètes et les arcs-en-ciel sont les signes prémonitoires.

2- La seconde, la melancholia rationis vient des démons intermédiaires qui insufflent la connaissance et la raison aux philosophes, aux docteurs et aux orateurs.

3- La troisième enfin, la melancholia mentis, englobe les esprits les plus élevés, à qui est révélée la loi de Dieu.

 

Faut-il voir dans la gravure de Dürer, Melencolia I la première, la melancholia imaginationis, qui expliquerait le chiffre I ? C’est une question. Mais rien n’interdit de penser que la melancholia rationis et la melancholia mentis sont aussi inclues dans son œuvre par les instruments éparpillés sur le sol dont le personnage se détourne, mais aussi par les présages de la comète et de l’arc-en-ciel annonçant une catastrophe naturelle, et en définitive, les signes d’une rédemption à venir.

Notons au passage que la gravure de Dürer a été peinte à la suite de ce qu’il a appelé « une vision pendant mon sommeil » associée à la question  de la méditation métaphysique, et donc de la mélancolie.

 

 

- 6 –Classicisme et  Lumières ; le déclin de l’attrait de la mélancolie :

 

Avant la fin du XVIe siècle alors que la mode mélancolique fait presque chaque jour de nouveaux adeptes, des voix s’élèvent pour démythifier sa gloire et rapporter les méfaits qu’elle engendre. Au terme de cette mutation, la mélancolie sera sévèrement remise en question et changera singulièrement la physionomie de son approche.

A force de rassembler sous ce vocable, fatalement nombreux, ceux que la vanité ou la sottise poussent à se croire affectés par la divine maladie, la mélancolie se transforme. C’était comme si, la noire fatalité n’avait pu s’accommoder à la pleine lumière où la Renaissance l’avait située.

Finalement accessible à l’homme du commun, son statut exceptionnel se déplace, lui faisant perdre ses beaux atours et l’aura de charme et de mystère qui l’enveloppait.

Chez les médecins, le cas du mélancolique sain, n’est plus que brièvement évoqué, pour laisser la place à une pathologie inquiétante, toujours solidement amarrée à l’imagination. C’est ainsi que les docteurs de l’Eglise mentionnent longuement ses méfaits, alors que pour les écrivains, elle n’est plus du tout, la contrepartie du génie.

Même si le Hamlet de Shakespeare est encore un noble héros, il tente de combattre la mélancolie dont il est atteint, par de l’ironie. L’Alceste de Molière est une figure douloureuse égarée par la mélancolie, l’Andromaque de Racine la redoute, et pour Corneille, elle provoque le mépris pour l’homme vertueux qu’est le personnage d’Horace.

 

Dès lors la mélancolie perd tout un registre, mais ne disparait pas pour autant. Un renversement s’accomplit à la fin du XVIe siècle, qui la dissocie progressivement de l’imagination donc de son génie, ne lui laissant que son versant pathologique.

Ce retournement a lieu chez Montaigne qui, après avoir rendu visite au poète italien Le Tasse, « un mélancolique par nature »  s’alarme des effets de ce mal. Au terme de sa rédaction des Essais, sans déprécier cependant le retrait en soi auquel elle invite, au sein d’une « place secrète » (...) où, je cite : « l’âme se retire, pour se maintenir elle-même dans une sérénité éternelle ».

Autrement dit, la mélancolie cesse d’être le lieu imaginaire d’un au-delà de l’homme pour devenir celui d’une intériorité. L’imagination qui la fondait en est à présent dissociée.

Et puisque le délire imaginaire, en tant que force vive et créatrice de la mélancolie ne conduit pas à la sagesse, il sera récupéré par les Lumières sous le contrôle de la raison, pour rejeter la mélancolie du côté de la folie ou de la solitude.

La mélancolie est ainsi évincée par le maître mot de l’âge classique : la raison. Dès lors, se réclamer des vapeurs de la bile noire revient pour Descartes à se désigner comme fou. C’est également la raison pour laquelle, le philosophe des lumières se sent investi par la responsabilité d’exclure de son travail, toutes ressources étrangères à la raison. 

 

 

- 7 - L’invention de la mélancolie moderne :

 

Au cours du siècle qui voit l’apparition de la science psychiatrique moderne, les frontières entre mélancolie et folie tendent à disparaitre. Ainsi dans une œuvre de Wilhelm Tischbein[10], « La grande ombre » (illustration n°4) est représentée l’ombre d’un homme en position mélancolique qui parcourt la pièce entière, et obscurcit au passage l’une des œuvres exposées sur le mur.

 

La psychiatrie naissante commence à analyser les symptômes de la mélancolie.

En 1851, Gérard de Nerval dans son « Voyage en Orient », dit magnifiquement l’ambivalence de la mélancolie, sa noirceur et sa lumière : « je ne veux pas dire qu’un éternel été fasse une vie toujours joyeuse. Le soleil noir de la mélancolie, qui verse des rayons obscurs sur le front de l’ange rêveur d’Albrecht Dürer, se lève aussi parfois aux plaines lumineuses du Nil, comme sur les bords du Rhin, dans un froid paysage d’Allemagne ». Le soleil noir, aura finalement raison de l’écrivain, retrouvé pendu quatre ans plus tard sur la place du Châtelet.

« Mon âme est aussi triste que mon corps est malade » déclare Lamartine, tandis que Benjamin Constant évoque la fatigue, l’incertitude, l’absence de force...

Ce sentiment d’accablement devient si répandu qu’il donne naissance à un terme nouveau « la névrasthénie » qui se transformera en 1880 en « neurasthénie ».

 

En résumé, si pour l’Antiquité et la Renaissance la mélancolie désignait l’envol de l’âme, pour le romantisme elle ne signifie plus qu’une terrible pesanteur, celle que le moine éprouvait du fond de sa cellule. Le recours, chez de nombreux poètes, à la figure de l’ange déchu qu’est Satan, dit aussi l’espoir d’un pardon et d’une ultime rédemption qui libèrerait de la mélancolie.

C’est pourquoi, la perte de la transcendance - au sens de l’excellence et du dépassement - de l’après romantisme, conduit la  mélancolie à être assimilée à de l’errance, à une humanité désespérée où les lieux publics ne sont plus que des lieux de solitude.

A  la question : Qu’est-ce que la mélancolie ? L’hystérie de l’esprit (Hystérie est pris ici dans son sens courant : frénésie, excitation intense) affirme Kierkegaard en 1843 dans l’Alternative, évoque un esprit humain pris dans la trame de la vie terrestre.

L’homme chercherait alors, à se dégager de cette dispersion, à se concentrer et à trouver en lui-même l’explication. Le naufrage de cette recherche ferait survenir la mélancolie, qui ne serait pour Kierkegaard, que le médiocre aboutissement d’un esprit, qui croyait pouvoir se saisir immédiatement par la seule force de sa volonté… Se saisissant du facteur temps, mêlé à celui de la mélancolie, il donne sa conception d’une voie qu’il considère comme essentielle à l’expérience de l’être.

La mélancolie dans la littérature de cette période est ainsi déclinée en une espèce de nostalgie, un lieu de la mémoire où des images perdues peuvent se conserver. « La mélancolie est un souvenir qui s’ignore » écrira Flaubert quelques dizaines d’années plus tard.

 

Ce panorama de l’histoire de la mélancolie au cours des âges, nous conduit sans détour à la découverte de l’inconscient et à son théoricien, qui attribuera à ce passé nostalgique une composante pathologique puisqu’il va comparer la mélancolie au deuil.

Mais avant de préciser en quoi la théorie psychanalytique vient apporter un éclairage inédit à la mélancolie, et en préciser les diverses avancées contemporaines, nous nous proposons de parcourir de façon concise, celui de la psychiatrie.

 

A la fin du XXe siècle, on ne trouve plus que des allusions éparses et ironiques à l’iconographie de la mélancolie. Si celles-ci désignent encore l’aspiration à la connaissance et les productions de génie, elles n’en dénoncent pas moins aussi les effets, mettant en exergue une contradiction fondamentale.

Le génie de l’homme, ne lui permet toujours pas de se soustraire à la mort, mais le conduit plutôt à l’organiser, à la rationnaliser, voire également à l’effacer, comme si elle ne faisait plus partie de la réalité.

Cette déréalisation de la mort à laquelle s’applique notre temps pourrait sembler à cet égard, comme une ultime production mélancolique.

 

 

8 – Ce qu’en dit la psychiatrie :

 

    En psychiatrie, le terme s’applique non pas à une tristesse vague sans cause définie, mais à une psychose qui survient par épisodes, se caractérisant par : « l’existence morbide d’une émotion pénible, dépressive, qui domine le sujet[11]». Plusieurs auteurs psychiatriques vont ainsi la définir comme un état de dépression intense vécue avec un sentiment de douleur morale caractérisé par le ralentissement et l’inhibition des fonctions psychiques et psychomotrices.

Cette notion de douleur morale est évoquée par  . Il précise que dans sa forme la plus simple, cette douleur est un sentiment vague d’oppression, d’anxiété et de tristesse. Il est fréquent qu’elle se transforme en idées isolées, concrètes, tournant autour d’un thème pénible, constituant un vrai délire.

Il s’éloigne alors, de la conception naïve du délire dont on trouve trace chez Pinel ou Esquirol et qui réduit le délire à un état d’incohérence entre les sensations et les idées. Il propose que le délire soit une construction, une invention, une tentative que fait le malade de se représenter cette altération originelle de son rapport au monde, il écrit dans son « Traité des maladies mentales : pathologie et thérapeutique » (p269) : « (…) le délire mélancolique à présenté à différentes époques des expressions différentes.

Il ajoute quelques lignes plus loin : « Quant à la manière dont se produit ce délire nous l’avons déjà signalé, le malade ce sens en proie à la tristesse ; or il est habitué à n’être triste que sous l’influence de causes fâcheuses. (…) La loi de la causalité exige que cette tristesse ait un motif, une cause, avant qu’il s’interroge à ce sujet, la réponse arrive déjà : ce sont toutes sortes de pensées lugubres, de sombres pressentiments, des appréhensions, qu’il découvre et qu’il creuse jusqu’à ce que quelques-unes de ses idées soit devenues assez fortes et assez persistantes pour se fixer au moins pendant quelques temps. Aussi ce délire a-t-il le caractère de tentatives que fait le malade pour s’expliquer son état. »

C’est ainsi que le fondateur de la psychiatrie allemande introduit le concept de causalité qui prendra toute l’ampleur que l’on sait en psychanalyse.

Il repère alors une pathologie, en tant que réponse funeste et lugubre antérieure au problème de la cause, et fait remarquer une cause inconnue à la douleur morale. Notons au passage que Freud, précisera lui, une perte inconnue, à la différence de la perte connue de l’endeuillé.

 

C’est ainsi que sera élaboré  progressivement la naissance et la fabrication de la psychose maniaco-dépressive, dans l’histoire de la psychiatrie, à partir de Pinel. C’est Baillarger et Falret qui isolent en France cette entité clinique à part entière, dont le nom de Psychose maniaco-dépressive sera attribué un peu plus tard.

Falret la désignera comme « folie circulaire » et Baillarger comme « folie à double forme » : un genre spécial d’aliénation mentale caractérisée par l’existence régulière de deux périodes.

 

Dans les années 1880, Magnan isole les folies ou psychoses dans lesquelles sont inclues la manie et la mélancolie, qu’il appelle « les éléments simples » pour faire la distinction avec certains syndromes inclus dans d’autres psychoses, tels que les états maniaques et mélancoliques.

 

Jules Séglas[12] Psychiatre français ayant exercé et enseigné à Paris, va décrire la mélancolie de façon très précise. Il dégage ce qu’il appelle ses « phénomènes fondamentaux » à travers le tableau clinique d’une mélancolie simple sans délire, qu’il appelle aussi mélancolie avec conscience ou hypocondrie morale, s’agissant d’une douleur morale et de troubles cénesthésiques et intellectuels. Pour lui, les idées délirantes peuvent parfois advenir mais sont secondaires aux phénomènes fondamentaux de la mélancolie. `

Ces deux sortes de troubles du corps et de la pensée sont à l’origine de la douleur morale qui est, selon Séglas, le symptôme caractéristique de la mélancolie. Il se décline sous toutes les formes de passions tristes, de l’abattement, en passant par l’ennui jusqu’à l’angoisse et la terreur. Le délire peut se présenter sous la forme d’idées de ruine, d’humilité, d’incapacité, d’auto-accusation, de culpabilité envers la société, ou envers Dieu.

Jules Séglas fait remarquer que ces idées ne sont variées qu’en apparence, étant presque toutes, liées à la douleur morale de l’idéation. Le délire, dit Séglas, est une tentative d’interprétation de la cause du sentiment de malheur moral profond. La pénibilité du contenu de l’idée délirante serait égale à la douleur dont le sujet souffre.  C’est comme si, était dit par le sujet : « J’ai commis une faute et je dois la payer à travers toutes mes souffrances corporelles et mentales ».

A travers ces évocations de la psychiatrie classique, il est aisé de constater une conception de la mélancolie dans le champ de l’éthique, avec une approche du sujet inséré dans un espace de paroles permettant, comme l’avait voulu Freud, de construire un pont entre elle et la psychanalyse.

Ce fil rouge entre la description des phénomènes et la dynamique de la structure, aborde la mélancolie au sein de la psychose, en tant qu’entité clinique. Mais si l’on se réfère à une approche psychiatrique plus actuelle,  où il est question désormais de santé mentale, l’approche de la mélancolie se métamorphose de façon inédite.

 

Une façon de saisir l’enjeu dont il s’agit est de repérer la dérive sémantique effectuée par la psychiatrie contemporaine, influencée par les modèles importés d’outre atlantique essentiellement, qui substitue le terme de psychiatrie à celui de santé mentale.

Ce changement a eu pour effet d’effacer progressivement la notion classique de mélancolie en tant que psychose, pour la classer dans ce qui est appelé aujourd’hui « désordres » et/ou « troubles » dits de l’humeurs, ou pour l’absorber dans la catégorie parfaitement imprécise de dépression.

A cet effet, il faut pouvoir repérer qu’une des conséquences majeure de cette nouvelle mutation sémantique, est  de concevoir  l’humain comme un être adapté et adaptable à une norme pré établie, avec l’idée que toute déviance à cette norme trouve sa description au sein d’une nomenclature régulièrement mise à jour (le DSM).

Il n’y aurait dès lors, ni névroses ou psychoses mais des symptômes mesurables et quantifiables, où la recherche d’une causalité proprement subjective est évincée en lieu et place d’une biologisation du comportement.

 

La psychanalyse contemporaine, pour toutes les raisons que nous venons de rappeler, consiste à venir se confronter à cette approche post-moderne en laissant le mélancolique prendre la parole et fournir la possibilité de subjectiver son symptôme mais également de permettre à la clinique de continuer à trouver au travers de cette parole, son fondement. 

 

 9 - En quoi l’approche psychanalytique permet-elle de donner une véritable assise structurelle à une clinique du sujet de la mélancolie ?

 

La psychanalyse appelle sujet ce qui parle dans l’individu. Un individu fabriqué de mots, ne pouvant saisir le réel de ce qu’il est, que par le biais du langage dont il a reçu sa structure. Ce réel vient signifier un savoir insu du sujet, l’inconscient freudien.

La clinique psychanalytique du sujet mélancolique, à savoir  les « faits de dits » nous font part de l’indifférence originaire de l’Autre. L’on remarque en effet, que le sujet mélancolique se débat d’un côté, avec la fragilité des signifiants maîtres (nom, prénom, ...) et de l’autre, celle de ses identifications imaginaires pour ce qui concerne le moi idéal.

L’on remarque aussi et surtout, qu’en lieu et place de la fragilité des signifiants maîtres,  se loge la solidité de la signification de leur substitut : « je suis rien » -  « je suis nul »  dont il se qualifie de façon incessante.

 

Pour saisir le processus à l’œuvre dans la mélancolie, Freud[13] nous dépeint le tableau clinique dudélire de petitesse qui hante cette maladie en la comparant au mécanisme du deuil.  La mélancolie se rapporterait selon Freud,  à une perte de l’objet qui est soustraite à la conscience, à la différence du deuil où rien de ce qui concerne la perte et le deuil n’est inconscient.

L’inhibition et l’absence d’intérêt pour le monde extérieur que le deuil  déclenche, s’expliquent par un travail soumis à l’épreuve de la réalité qui absorbe le moi. Le sujet en deuil doit réaliser l’absence et son caractère définitif.

Dans la mélancolie, est engagé le même processus, dit Freud en précisant que l’inhibition du mélancolique se présente telle une énigme pour le sujet. « Dans le deuil, le monde est devenu pauvre et vide, dans la mélancolie, c’est le moi lui-même». Pour Freud, le sujet a subi une perte dans son je (ich), et la raison de cette perte serait due à une partie du moi mélancolique opposée à l’autre et la prenant comme objet. Cliniquement, Freud la décrit comme une aversion morale du malade vis-à-vis de son moi propre, qui s’exprime par une extraordinaire diminution de l’estime de soi.

Il découvre ainsi, dans chacun des cas étudiés que les auto-reproches sont en réalité des reproches initialement dirigés contre un objet d’amour, qui sont dans un second temps retournés sur le moi du sujet mélancolique.

Ainsi, pour Freud, l’investissement d’amour que le mélancolique avait fait sur son objet a eu un double destin. Celui de régresser sur l’identification, et celui d’être reporté sous l’influence du conflit ambivalentiel, au stade du sadisme.

Ce sadisme prend une part importante dans l’explication freudienne de la tendance au suicide du mélancolique qui se traite alors lui-même comme un objet, rappelant la réaction originaire du moi contre les objets du monde extérieur.

Jacques Lacan nous permet de franchir une étape supplémentaire dans la compréhension du phénomène. Le Séminaire XI et dans Position de l’inconscient (Lacan 1966 – 1964 - ) nous éclaire sur les oripeaux langagiers dont s’affuble le sujet mélancolique. L’identification signifiante - dont nous avons postulé la fragilité pour le sujet de la mélancolie - se substitue à l’identification imaginaire mais ne délivre jamais une identité satisfaisante puisqu’elle ne fait que représenter le sujet par un signifiant pour un autre signifiant. A la question « que suis-je » aucun mot ne vient vraiment répondre en totalité et de façon certaine à l’individu qui se la pose. Aucun signifiant ne vient assurer la reconnaissance de l’être, si ce n’est en le mortifiant. C’est la façon de considérer la pulsion de mort et par là même, le processus morbide de l’œuvre mélancolique, où le sujet estime alors avoir mérité le deuil dont il ne se remet pas.

Le deuil est ici entendu au sens de la séparation, à savoir la perte primordiale et inévitable de l’objet originaire, de l’objet perdu intériorisé. C’est la conception freudienne, pour qui,  le (x) de la cause avait  été repéré structurellement, comme une perte inconnue, « un trou dans le psychique ».

 «L’ombre de l’objet est tombé sur le moi » avait été la formule freudienne, celle de Lacan ; « La vérité du sujet dévoilée dans la mélancolie est sa position d’objet a, dans son versant de rebut symbolique.

En effet, le délire mélancolique est un dire qui donne forme imaginaire à ce lieu de rebut du symbolique, de négation de soi-même, sans négliger qu’il est aussi une tentative de reconstruction, de reconstitution de l’Autre, exclu de l’auto-accusation.

Un autre éclairage ne peut être passé sous silence, celui du psychiatre français Jules Cotard[14] qui mesure les phénomènes langagiers rencontrés dans la mélancolie sous l’angle de la négation, celle qui abolit, qui réduit à zéro. Niant leur propre personne quelques-uns font référence à eux-mêmes à la troisième personne du singulier dit Jules Cotard.

Il est à souligner que le délire des négations est isolé comme modalité langagière, repérant ainsi une structure qui indique le rapport de la négation et de la psychose, spécifiquement lisible au travers de la position mélancolique.

 

Marcel Czermack étudie[15]  cette position du sujet qui s’exclut du monde, qui est dans le « rien », qui relate une existence où plus rien ne le regarde, ni le concerne, ni ne l’accroche. Une existence qui ne peut tirer sa ressemblance que d’un manque. Et quand ce manque est absent, c'est le sujet qui s’éjecte, qui ek-siste  réellement pour réaliser le manque. Il se sent à côté, exclu, rien autour de quoi l’objet a organisé le monde.

En précisant qu’à cette place, le sujet étant devenu l’objet a lui-même, c’est le monde qui s’organise autour de lui.

M. Czermak utilise l’expression « délire des affirmations » qu’il considère comme un corrélat logique dans la clinique du délire des négations. Il entend par là que certaines négations peuvent tout autant être des affirmations. « Je suis nulle » n’est pas une négation en effet, mais ce genre d’affirmation sert à manifester l’être sous la forme d’un non-être.

 

En conclusion, nous pourrions rappeler qu’en psychanalye, névroses et psychose se différencient quant à la position à l’endroit de la jouissance, comme effet des positions différenciées des sujets névrosés et psychotiques à l’égard de l’Autre.

 

 La mélancolie nous invite à discerner très clairement une double série de phénomènes habituellement articulés par la fonction phallique, mais qui ici sont dissociés à savoir la négativation du langage et la positivation de la jouissance.

Il n’est donc pas étonnant que nous ayons une clinique différentielle de la culpabilité, puisque celle-ci se situe au point de jonction du sujet et de la jouissance. Si le paranoïaque projette la faute sur l’Autre, le mélancolique lui, se l’approprie  toute, précise Colette Soler[16].

Cependant, ce postulat de culpabilité qui se traduit en phénomènes d’auto–reproche, auto diffamation, n’est pas le tout de la mélancolie.

Ce postulat n’en est que le versant de délire nous dit Lacan. Le postulat de la faute, qui peut aller jusqu'au délire d'indignité est une élaboration des phénomènes primaires de la maladie se déclinant sous toutes les formes du manque-à-avoir et du manque-à-valoir en supposant à l’Autre des signifiants idéaux inébranlables.

C’est donc un sujet qui se vit comme un mutilé du désir, se croyant dépossédé de tout ce qui peut faire le prix de la vie, il se vit sans amour, sans force, sans courage. Une ek-sistance qui prend pour lui, la signification de la faute, ou s’ajoute une idée de responsabilité délirante. Le sujet mélancolique éprouve le manque comme une faute dont il se culpabilise foncièrement.

D’où, l’intérêt clinique d’accueillir ce symptôme, qui accentue de façon exclusive, (par le délire) du retour dans le réel du tranchant mortel du langage en tant que forclusion du signifiant phallique.

 

Mais ce qui compte et insiste dans toute clinique, vaut avant tout pour ce qui reste de résistance du sujet. Car se laisser trop aisément gagner au vertige ou à l’effroi devant une manifestation symptomatique conduit au risque de se tenir dans une clinique contemplative, que l’on souhaiterait  faire taire à tout prix.

 

C’est pourquoi la pertinence d’une clinique du sujet se fonde d’un dispositif qui ne peut être amnésique de son histoire, en opposition au culte de l’instantané clinique récolté dans l’urgence de la plus a-théorique des façons. Celui-ci vient rompre ou faire tomber en désuétude un savoir précieux qui ne peut se renouveler puisque toute ou partie de son histoire est occultée.

 

 

Mona Boutaleb

Psychanalyste - Docteur en Psychopathologie

Tosse 40230



[1] Cicéron (en latin Marcus Tullius Cicero), né le 3 janvier 106 av. J.-C. à Arpinum en Italie et assassiné le 7 décembre 43 av. J.-C. à Gaète, est un homme d'État romain et un auteur latin. Citoyen issu de la bourgeoisie italienne, Cicéron n’appartient pas à la noblesse, ce qui en principe ne le destine pas à un rôle politique majeur. Contrairement à ses contemporains Pompée et Jules César, la carrière militaire ne l’intéresse pas, et après une solide formation à la rhétorique et au droit, il réussit grâce à ses talents d’avocat à se constituer suffisamment d’appuis pour parvenir en 63 av. J.-C. à la magistrature suprême, le consulat.

[2] Du grec λυπη, « chagrin », avec μανία, « folie, délire » : « tristesse maladive » (1817, nosographie des maladies mentales d'Esquirol)

[3] «Pourquoi tous ceux qui furent exceptionnels en philosophie, en poésie ou dans les arts, étaient-ils de toute évidence mélancoliques, certains au point de contracter des maladies causées par la bile noire, comme Héraclès dans les mythes héroïques ?» Telle est la première des quatorze questions que le maître de l'école péripatéticienne (aristotélicienne) proposait à ses élèves. En la traitant lui-même, Aristote donne un exemple par la pratique de sa démarche intellectuelle. Il s'agit de fournir une explication «naturelle» des affections des hommes. L'excès de bile noire est comparé à l'effet du vin sur les humeurs, la mélancolie étant comme un alcool du corps. Le surcroît d'énergie occasionné se dépense alors de manière exceptionnelle aussi longtemps que le «génie» arrive à maintenir une juste mesure dans cet excès. Les autres sujets de dissertation sont tous aussi plaisants que celui-ci : «Pourquoi des gens intelligents passent-ils leur temps à accumuler des biens au lieu de jouir de ceux qu'ils possèdent ? Est-ce parce qu'ils suivent ainsi l'usage commun ? Ou parce qu'il est agréable d'espérer ?»

[4]Évagre le Pontique (346-399) est un moine du IVe siècle dans le d’Egypte premier systématicien de la pensée ascétique chrétienne.

[5]L’enseignement dispensé au Moyen Age dans les écoles monastiques

[6] Illustrations

[7]En histoire de l’art, on appelle Première Renaissance la période su Quattrocento qui, s'étendant des années 1420 à 1500, marque la rupture avec l'art de la Pré Renaissance.

[8] Syncrétisme : fusion, union, combinaison, mélange, amalgame

[9] L’occultisme désigne, en histoire, un ensemble de courants spirituels et mystiques préoccupés par les forces mystérieuses du cosmos et de l'homme.

[10]Johann Heinrich Wilhelm Tischbein, La grande ombre, vers 1805, aquarelle, 36,7x 23,4cm.

[11] Ref : selon le psychiatre allemand Wilhelm Griesinger 

[12] Jules Seglas est un psychiatre français né en 1856, mort en 1939 ayant exercé et enseigné à Paris.

Il a particulièrement étudié la nosographiedes délires, des hallucinationset plus largement des psychoses. Ses idées ont inspiré nombre de psychiatres, entre autres Henri Ey

[13]

Freud S., Deuil et mélancolie, in Métapsychologie, Gallimard, 1968, p 150

[14] Cotard, J. Du délire des négations, Archives de neurologie, 4, 1882,

[15] Czermak M., Passions de l’objet, Etudes psychanalytiques des psychoses, Editions de l’Association Freudienne internationale, Paris 2001. P 214.

[16] Soler Colette, L’inconscient à ciel ouvert de la psychose, Presses Universitaires du Mirail, 2002.

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